Texte écrit par Michael Lee, fondateur de la yoga thérapie du Phoenix et traduit de l’anglais par Caroline Revolon, traductrice et praticienne de cette thérapie.
Quand j’ai commencé à faire du yoga, mon corps manquait de souplesse et me faisait mal. Rempli de doutes, je me suis alors demandé si la pratique du yoga était bonne pour moi. J’avais du mal à me mouvoir en harmonie avec le souffle et mon corps endolori était loin de l’extase promise. Malgré tout, je continuai sur cette voie.
Un jour, j’ai commencé à me sentir vraiment mal à l’aise, même dans les postures courtes. Alors que je m’engageais dans l’étirement, c’était comme si mon corps entier se rebellait. Je tentais en vain de faire les postures. Ayant l’esprit pragmatique, je me lançai alors dans une petite expérience. Je décidai de ne pas forcer autant. Je me donnai la permission de m’engager en douceur dans les postures, jusqu’à ce que mon corps soit au point sensible, point d’inconfort tolérable, doux. Je continuai l’expérience pendant un certain temps, mais je commençai à ressentir une certaine culpabilité. Mon esprit critique vociférait : ” Tu ne fais pas de ton mieux ! Tu n’es qu’un fainéant ! ” J’étais très malheureux. Je tentai à nouveau l’expérience. Cette fois-ci, la culpabilité fit place à des sentiments de frustration et de colère. J’étais encore plus malheureux.
Un éclair de génie me traversa alors l’esprit : ” Entre l’effort et l’absence d’effort, qu’y a t’il ? ” Enthousiasmé par cette nouvelle possibilité d’exploration, je me suis aventuré dans une posture tout en recherchant cet équilibre-là, un juste milieu entre ” trop ” et ” trop peu “. J’étais témoin de moi-même et je pris conscience d’un sentiment de malaise, sentiment à la fois inconfortable et séduisant, comme la sensation de pénétrer dans un néant, d’où me parvenaient des images, des sensations, une nouvelle manière de concevoir les choses. Je n’étais plus dans le ” faire “, mais plutôt dans le ” recevoir “.
En quelques jours, ma pratique de yoga prit une nouvelle tournure. Tout en restant dans la zone du point sensible, je prenais conscience de mes peurs, mes angoisses et leurs repercussions sur ma vie. Un jour, justement, je me trouvais là, dans cette zone limite et c’est là que je confrontai ma peur de la paternité. Je laissais aller les tensions de mon corps, me radoucissais et en même temps se produisait un relachement emotionnel. Au cours de cette expérience je devenais peu à peu l’être humain sans expérience et imparfait que je suis, manquant de confiance en moi et père de famille. Des larmes d’une infinie douceur se mirent à couler le long de mes joues et j’eus la sensation que mon être entier glissait vers une nouvelle dimension, celle de l’acceptation de soi.
Un autre jour, je me rendis compte combien mon identité était liée à mon travail. Etant dans une zone sensible ce jour-là, j’etais dans le mode inconfortable du ” non-faire “. Dans ce mode-là (ne travaillant pas), je me sentais dépourvu d’identité. Sans cette identité, j’étais vulnérable. A nouveau je m’imprégnai de ce ressenti de vulnérabilité et ce fut comme si je dépassais ce ressenti. Je fus alors envahi d’une paix sereine.
Une fois le point sensible intégré, mon besoin d’être dans l’action disparut et, paradoxalement, plus j’acceptais mon point sensible, plus ma capacité d’action grandissait, sans effort. Appliquer cet apprentissage à la vie de tous les jours n’a pas toujours été facile ! Pourtant chaque fois que je l’ai appliqué, cela a marché. Et, si j’oublie, à chaque fois il y a une pose de yoga et mon corps là pour me rappeler.
Quelques propos sur l’auteur :
Michael Lee est le fondateur de la Yoga thérapie du Phoenix, méthode de thérapie reposant sur le lien unissant l’âme, le corps et le mental. Dans le monde entier, plus de 900 specialistes ayant suivi une formation aprofondie, pratiquent cette thérapie. Michael est aussi l’auteur de l’ouvrage intitulé : ” Yoga thérapie du Phoenix : lien entre le corps et l’âme”.
Etant également auteur pour l’Association Américaine de psychologie, il a publié : ” Au-delà de la thérapie parlée-l’usage du mouvement et autres techniques d’expression en psychologie clinique. “
For use permission please contact Michael at michael@pryt.com